L
e 16 février dernier, Mgr Jeanbart, archevêque d’Alep, rédigeait cette lettre bouleversante en revenant des funérailles d’un jeune adolescent chrétien, décédé suite une attaque djihadiste.
« Il n’avait que treize ans, notre pauvre Fouad Banna, cet enfant que nous avons enseveli cette après-midi, sa jeune sœur Rosy, les proches de la famille et moi-même. »
Fouad Banna n’avait que 13 ans. Ses parents sont entre la vie et la mort. Sa soeur Rosy, jeune étudiante de 17 ans, a survécu. Sa seule requête est désormais celle-ci :
« Père, je vous en prie, demandez au Seigneur de guérir mes deux parents ».
Dans cette lettre, l’homme de foi crie son effroi et l’injustice ressentie face à cette violence.
« Ils sont atterrés suite à cette énième tragédie que subissent nos innocentes familles dans cette ville meurtrie par les bombardements continus et sauvages des djihadistes qui, après avoir détruit tout ce que nous avions, terrorisent quotidiennement la population et font tout pour empêcher nos citoyens, pacifiques et innocents, de vivre chez eux, allant parfois jusqu’à chercher à les éliminer s’ils restaient dans le pays.
Il rappelle également avec force, l’histoire de l’Eglise de Syrie, qui remonte au premier siècle et s’est bâtie sur le témoignage des premiers juifs de la diaspora, baptisé par les apôtres eux-mêmes.
« Ces chrétiens qui souffrent aujourd’hui, sont les descendants des croyants restés fidèles au Christ deux mille ans durant et qui avaient su payer de leur vie leur appartenance indéfectible à l’Eglise du Verbe Incarné qui a toujours été l’Alpha et l’Omega de leur existence. »
Pour Mgr Jeanbart, les chrétiens d’Alep puisent leur force pour résister à la barbarie dans cette histoire.
« Nous sommes là, en Syrie, depuis le retour de nos frères de la première heure de Jérusalem. »
Cette résistance vient également de leur appartenance à la nation syrienne.
« Patrie que nous chérissons pour y avoir demeuré depuis des siècles, pour tout ce qu’elle nous a donné dans le passé et pour tout ce qu’elle pourra nous offrir à l’avenir. Nous y avions vécu des décades durant, respectés heureux et tranquilles et nous espérons pouvoir y trouver, après cette guerre injuste et ignoble, qu’on nous inflige pour je ne sais quelle raison, un nouvel essor économique et une société civile encore plus ouverte à la liberté individuelle et à la diversité de ses composantes sociales. »
Il termine sa lettre par un vibrant appel aux chrétiens d’Occident.
« Nous Chrétiens en Syrie nous avons, aujourd’hui plus que jamais, besoin de nos frères en Occident. Nous avons besoin de leurs prières et de leur soutien. Nous avons besoin de leur appui ferme et décidé auprès de leurs élus et de leurs gouvernants. Il faut que ces messieurs considèrent notre terrible souffrance et qu’ils changent d’attitude à notre égard. Nous souhaitons qu’ils comprennent une fois pour toute que nous tenons à rester chez nous. Cela est un besoin vital pour nous et représente un droit humain évident et inaliénable, nous y tenons autant qu’à notre vie elle-même. »
Découvrez la lettre dans son intégralité sur le site AED, Aide à l’Eglise en Détresse.
H.L.